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Pourquoi Adobe est passé à l’abonnement ? Pas pour plus de blé, mais à cause du vrai blé !

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Chères lectrice, chers lecteurs, voici un dossier qui, je le sais, va vous intéresser en tout haut point, car je vais vous réveler la vraie raison pour laquelle Adobe est passé à l’abonnement. Changeant ainsi le mode d’acquisition d’un logiciel, puisque beaucoup d’éditeurs ont suivi la même procédure abandonnant l’achat à un prix fixe d’une version.
Beaucoup d’articles, beaucoup de commentaires, beaucoup de sujets de forum ont donné leur opinion sur le pourquoi du passage de la part d’Adobe au modèle d’abonnement. Avec cette même conclusion : c’était pour faire plus d’argent, plus « de blé » en quelque sorte. Je vais vous révéler que c’est en partie la faute du blé, mais du vrai blé qu’Adobe a changé son mode de paiement.
Vous vous dîtes, mais Rhonda est folle ! Quel rapport entre le vrai blé et l’abonnement de la suite CC d’Adobe ? Tout comme les battements des ailes d’un papillon qui créent des cataclysmes à des milliers de kilomètres et des semaines plus tard, il s’est passé la même chose entre la gestion économique du blé et le modèle du plan financier d’Adobe.

WacometmaPomme est là pour faire des révélations que vous trouvez nulle part. 🙂

Bien sûr, Vince – comme d’hab’ – le savait depuis le début, parce que plusieurs personnes (dont nous révélerons pas les nom!) lui avaient dit, mais il s’agissait, selon lui, d’une version O2, c’est à dire, Officieuse Officielle (c’est une expression à la Vince). Maintenant on peut trouver les références et les explications un peu partout et surtout directement de la part d’Adobe, qui valident cette explications.

Commence maintenant notre histoire.

Gillian Tett, journaliste anglaise du Financial Time dans son livre l’Or des Fous (Fool’s Gold: How Unrestrained Greed Corrupted a Dream) nous révèle l’origine de la création des CDS (Credit Default Swaps) par la banque américaine JP Morgan, c’est à dire une assurance sur un défaut de paiement, qui a été calqué sur celui des matières premières et notamment du blé. Si vous n’avez pas lu le livre, un jeune garçon du Journal du net a réalisé un résumé avec quelques extraits, donc celui qui m’intéresse.

« Une idée clé commença à émerger : utiliser les produits dérivés pour gérer le risque lié aux obligations des sociétés et aux prêts. Les produits dérivés sur les matières premières, lança quelqu’un, laissent les producteurs de blé gérer le risque lié aux per­tes sur leurs récoltes. Pourquoi ne pas créer un produit dérivé qui permettrait aux banques de parier sur un prêt ou un titre susceptible de chuter ? »

Vous comprenez, chères lectrices et chers lecteurs, que ces fameux CDS et aussi CDO (Collateralized Debt Obligations) sont à l’origine de la crise de 2008 (plus exactement fin 2007), associés à celle des subprimes, puisque ces dérivés financiers ont été utilisés un peu sur tout, découpés un peu n’importe comment, diffusés un peu partout avec surtout une recherche de « clients » qui assuraient surtout un défaut de paiement. C’est ainsi qu’à New York même les clochards avaient contractés plusieurs crédits.
Suite à cette catastrophe financière et immobilière (banqueroute de banques, dont la plus célèbre est Lehman Brothers, et américains à la rue, donc le plus célèbre est m. Joe Smith), le gouvernement  américain décida de réglementer encore plus. Il l’avait déjà fait en 2002 avec la loi Sarbanes-Oxley (SOX) suite à la faillite d’Enron et Worldcom. 2009-2010, c’est à partir de cet instant que cette réglementation  touche profondément  nos éditeurs de logiciels, dont Adobe. SOX impose aux éditeurs, qui vendent leurs logiciel sous forme de box un temps de 18 mois pour chaque mise à jour. En effet, s’il s’agit d’un nouveau logiciel ou  de nouvelles fonctions, il n’ y a pas de laps de temps imposé (une mise à jour majeure), s’il s’agit juste d’une mise à jour mineure, il faut attendre 1 an et demi. Donc en ce qui concerne les logiciels comme Photoshop CS, le passage d’une version CS2 à CS3 (par exemple)  est considéré comme une mise à jour mineure donc il faut attendre les fameux 18 mois. Vous pouvez vérifier que depuis 2010, les versions de Photoshop jusqu’en 2014 (la CC avec abonnement) sortent tous les 1 an et demi/2 ans.

Pour preuve, l rôle de la loi SOX est explicité sur ce forum d’Adobe

… Et cet extrait de livre sur Adobe Première Pro  qui explique clairement l’histoire des 18 mois obligatoires si la mise à jour n’est pas jugée « majeure ».

 

Chères lectrices et chers lecteurs, maintenant, vous comprenez le sens de notre intitulé. C’était un peu pour rire, puisque la principale critique envers Adobe avait été la volonté de gagner plus d’argent et donc plus de blé. Ce qui était faux. C’est la fabrication de produits financiers calqués sur celui des réglementations sur le vrai blé, qui a abouti à la crise financière de 2008, au durcissement de la loi Sarbanes-Oxley et à imposer à Adobe une laps de temps de 18 mois pour les mises à jour de leur suite CS.

À la question de pourquoi 18 mois? Il semble que des éditeurs de logiciels (par forcément dans l’infographie) abusaient de mises à jours payantes régulières avec pas forcément de nouveautés (juste une mise à jour pour éviter des bugs avec une maj d’un système ou bien plus de sécurité) et ce procédé servait surtout à renflouer le chiffre d’affaire, qui masquait en fait une mauvaise santé financière de la société éditrice. Et SOX n’aime pas ça.

Mais si Adobe, pendant 4-5 ans s’est satisfait de cela avec la suite CS, un évément imprévu va précipiter le passage de vente de logiciels de manière physique (box) à une version dématérialisée (abonnement + téléchargement par internet), ce qui permet de contourner la loi SOX et de faire des mises à jour  plus ou moins mineures/majeures « quand on veut« . Et ainsi de s’adapter au marché et à la demande. Cet événement imprévu : c’est la sortie de l’iPad en 2010 (c’est notre info Inside).

Et oui l’iPad sort en avril 2010. Et la nouvelle suite CS 5 sort en… Avril 2010. Et là, dès la sortie du iBidulle, Adobe est totalement submergé par les demandes de ses utilisateurs et de ses clients pour savoir si la société va proposer du contenu adapté à ce nouveau segment, d’autant plus qu’Apple communique beaucoup et encore plus maintenant avec l’iPad pro sur le fait que ce produit doit remplacer l’ordinateur (on ajoute aussi la présence des smartphones désormais avec leur puissance et leur grand écran). Problème : Adobe doit attendre 18 mois pour mettre à jour son éco-système (et oui, la suite  CS vient de sortir le même mois) et nouer ses applications à des apps et des services sur l’iPad. Pas de bol. Apple mettra aussi des bâtons dans les roues en refusant que des applications tierces et extérieures puissent créer du contenu sur iPad. Re pas de bol. Mais ouf, pour InDesign sortira avec sa version 5.5 (en 2011, donc 1 an après), car il s’agit de nouveaux modules, donc cela n’est pas désigné comme une mise à jour mineure et donc pas de 18 mois obligatoires. Cette situation durera un peu moins de 4 ans, jusqu’à ce que soit mise en place, que soit annoncée et que soit activée l’acquisition par abonnement, en janvier 2014 avec la suite Adobe CC et l’abandon de vente physique, c’est à dire du DVD rom et sa boîte (la fameuse box). Désormais Adobe, en contournant la loi SOX par ce procédé (la loi ne concerne que les boxes, et oui…),  peut sortir quand il le veut des mises à jours plus ou moins mineures/majeures, selon les logiciels. On constate qu’on a parfois 2 ou 3 majs dans l’année, puis une grosse maj du CC avec changement de numérotation ou d’année au bout d’1 an et plus du tout, d’attente de 18 mois à 2 ans.

Chères lectrices et chers lecteurs, si vous êtes observateurs, un logiciel avait échappé à cet abandon de la box pendant un certain temps. Il s’agissait de Adobe Lightroom (ou bien Adobe Photoshop Lightroom – l’intitulé change – on regarde les documentations d’Adobe, ce n’est pas très clair). Désormais Lightroom passe uniquement par l’abonnement avec Lightroom CC et Lightroom Classic. Mais pendant un certain temps (2015), Adobe proposait Lightroom (box) et Lightroom CC (abonnement) et vous auriez noté que la version box avait une mise à jour tous les 18 mois alors que la version CC se modifiait régulièrement (jusqu’en 2017). Adobe Photoshop Lightroom est un logiciel beaucoup utilisé pour classer les photos et non les retoucher, ce qui était son but au départ afin de concurrencer des logicels comme iPhoto/Photo d’Apple. Pour garder cette clientèle, Adobe propose désormais un abonnement CC spécial très bas.

Vous connaissez désormais le fin mot de l’histoire de l’abandon de la box physique au profit d’un abonnement dématérialisé par Adobe. Réglementation sur le blé, CDS, crise de 2008, Sarbanes-Oxley Act renforcé, iPad, contournement de SOX. Cette histoire peut être modifiée et la réalité peut être légèrement différente (il y a des imprécisions, voire peut-être des petites erreurs – la mémoire de Vince peut faire défaut lol ), mais l’essentiel de l’explication est là, chères lectrices et chers lecteurs.

Je vous souhaite un joyeux Noël, malgré tout ce qui se passe actuellement.

 

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