Joann sfar: le bonobo du bar
texte datant du 9 novembre 2005

Il est parfois des moments où un projet se réalise par des chemins non voulus par l'auteur mais dictés par les évidences devant lui. L'histoire de cet article en est une parfaite illustration.

À la refonte de ce site, j'avais décidé de garder le premier texte critique, celui sur Fabrice Neaud, et d'y ajouter un deuxième symboliquement comme un nouveau départ. Mon sujet devait être consensuel, c'est dire un sujet sur un dessinateur que les gens apprécient d'une même voix, critiques et lecteurs. J'ai donc choisi d'aborder le travail de Joann Sfar. Je ne vous cache pas que, dans un premier lieu, un soucis de facilité a dicté mon choix car la documentation sur Joann Sfar est très riche, de par ses réalisations, mais également par ses propos diffusés largement dans les magazines, les livres , mais aussi sur le net. Il m'était donc facile de trouver un angle de lecture et de m'appuyer sur ces dires.

Puis tout a débuté une deuxième fois par la lecture de cet article: http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Dans cet interview, Joann Sfar avoue passer tout son temps sur internet pour voir ce que les gens disent de lui.

http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Krinein :
J’ai visité ton site web, qui est très riche. Un peu à l’image de ta production. Que penses-tu du support web ? T’intéresse-t-il ?

Joann Sfar : Internet, c’est marrant, car tout le monde a le droit de raconter n’importe quoi.

Je suis toujours fourré sur Internet, je passe des heures sur le Net, à voir ce qu’on écrit sur moi. Et sur des gens que j’aime pas.


Finalement cela m'a rassuré dans le sens que si Joann Sfar regarde sur le net ce qu'on écrit ou rapporte sur lui, cela valide ses dires car sans nul doute, il ne pourrait nier de ne pas en avoir eu connaissance. De plus, j'ai décidé, pour mes sources, d'écarter des articles à proprement parlé, et de m'appuyer sur des rapports de conférence et des entretiens, sur ses propres mots. Qui mieux que lui peut parler de son travail?
Je décide donc de faire une synthèse de ses dires, de les recouper et d'y faire germer des thématiques récurrentes. Il n'y a rien de plus facile que de reprendre tout ce que dit une personne, de regrouper les mots et les idées qui reviennent à plusieurs reprises et de construire un texte dessus. On ne trompe pas l'auteur, on ne trompe pas le lecteur, et tout le monde se contente d'être spectateur du texte. Certainement l'emploi du mot " rapport" est parfait dans ce principe de démarche.

Tout a débuté une troisième et dernière fois lorsque dans le même entretien, les propos de Joann Sfar sont rapportés ainsi (il s'agit toujours de la même question).

http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Krinein : Comment tu travailles ? Ecris-tu d’abord le scénario puis tu dessines ensuite ? ou les deux se font parallèlement ?

Joann Sfar : Je crois qu’il y a deux choses pas intéressantes quand on fait des livres. La première, c’est de raconter des choses complètement fantasmagoriques, qui n’ont aucun lien avec le réel. La deuxième, c’est les brèves de comptoir, où on cite mot à mot ce que quelqu’un a dit.
Ce qui m’intéresse, c’est comme disait Bachelard, de « poétiser le réel ». On observe quelque chose dans la réalité, une phrase, un événement, et on en fait un récit imaginaire.


Ce qui m'a amusé dans un premier temps, c'est le fait que Joann Sfar n'aime pas les brèves de comptoir et juste après, il cite mot à mot ce que quelqu'un a dit, Bachelard, son maître à penser dans le domaine de la philosophie.
Sa citation est une citation de comptoir par excellence sans lien direct, sans exercice de liaison avec un processus de pensée. Il cite une phrase de Bachelard comme une blague de Carambar. J'ai pensé que l'auteur de l'entretien avait synthétisé ce qu'avait dit Joann Sfar et malheureusement à force de résumer les propos, on arrive à faire juxtaposer des idées contradictoires et opposées. Mais cela m'a poussé à consulter d'autres entretiens et d'autres rapports de conférence.
Ce préambule était nécessaire afin d'expliquer le plan de cette article qui est une synthèse d'entretiens et de rapports de conférence accessibles dans les liens ci-dessous.

Référence des sources sites internet par ordre alphabêtique:

http://bd-livres.krinein.com
http://www.actusf.com
(2 liens)
http://bd-livres.krinein.com
http://www.bdparadisio.com
http://www.bdselection.com
http://www.casusbelli.com
http://www.cuverville.org
http://www.hold-up.info
http://oeil.electrique.free.fr
http://www.parutions.com
http://www.telerama.fr



Maj décembre 2006: 1 an après, j'ai réalisé une vérification des liens. J'ai mis à jour le lien de la 1er partie de l'interview de http://www.actusf.com, constaté que le site http://www.hold-up.info n'existe plus et que les 2 liens de http://www.telerama.fr ont disparu (méchant télérama). Les textes disparaissant, ils deviennent mythiques. Donc cet article glisse peu à peu vers un travail de mémoire, plutôt que de critique. lol


À la fin de l'article, vous avez une référence chronologique de toutes les sources avec les liens directs, avec précision de l'auteur, du lieu, de la date et de la mise en ligne.

Dans cet article, chaque source est précédée du lien direct et de la question posée par l'auteur de l'article. Il est ainsi facile pour le lecteur de retrouver facilement la phrase, la réplique ou la citation de Joann Sfar dans une page web. Parfois l'extrait des mots de Joann Sfar est inclus dans une réponse plus large et par conséquent, il n'y a pas de lien direct entre la question première et la réponse. J'ai continué à mentionner volontairement la question au dessus de chaque réponse pour permettre simplement au lecteur de retrouver facilement cette partie de texte dans la source du lien.

Pour éviter la lassitude de la lecture devant l'accumulation des propos incohérents et débiles de Joann Sfar, j'interviens dans l'article pour établir des liaisons entre chaque thème.

Vous l'avez deviné déjà dans le texte d'entrée sous le titre, "Joann Sfar, le bonobo du bar", qu'il y avait clairement un problème "Joann Sfar". Ce dernier dit n'importe quoi, ne sait pas de quoi il parle, se contredit, est incohérent, change ses mots selon les saisons et les interlocuteurs. Cela en devient pathétique, ridicule, cela devient un show involontaire. Il fait penser à Jean-Claude Van Damme lorsqu'il expose ses idées, son travail. C'est du même registre. On ne sait pas où il va, on ne sait plus d'où il vient. Tout est maladif sûrement. Mais quel nom peut on donner à cette maladie du n'importe quoi. Le sfarisme? Je vous laisse chers lecteurs, trouver un nom pour ce comportement, vous avez sûrement plus d'imagination que moi.

De mon côté, cette synthèse des entretiens et des rapports de conférence de Joann Sfar m'a mis à genoux. J'ai même abandonné mon article en cours de route comme vous allez pouvoir le constater.
Si vous ne voulez pas non plus vous effondrer avant la fin du texte, je vous propose de rejoindre directement chaque thématique par le biais des liens suivants:

La citation de Comptoir - Les Artistes préférés et Maîtres - L'Emploi du Temps - La Définition du Dessin - Une Psychologie de Comptoir - L'Autobiographie - Les Contradictions - L'incompréhension - Jeux et Internet - Updates


Pour commencer, Joann Sfar n'aime pas la citation de comptoir. Et pourtant en citation, il s'y connaît. En comptoir aussi. Voici un florilège de toutes ses citations de comptoir car Joann Sfar est le champion toute catégorie des citations de comptoir sans aucun doute, sans aucun raisonnement et aucune résonance.

http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Y a-t-il un message que vous voulez faire passer ?
Joann Sfar :
...Et puis les juifs, pour les choquer, il faut se lever tôt : il y a eu Philip Roth, il y a trente ans.
Ce qui m’intéresse, c’est comme disait Bachelard, de « poétiser le réel ».
Moi, j’ai appris à lire avec les BD de Goscinny et Morris, Uderzo. J’ai toujours lu des bandes dessinées grand public.


http://www.cuverville.org/article119.html
...Et des enseignants.

Joann Sfar : ...Pour moi, moderniser Rabelais, c’est un peu comme si on voulait actualiser les chansons de Brassens. Ou on les écoute, ou on ne les écoute pas. Je vais voir ce qu’il reste de Rabelais et ce que j’y comprends comme ça.


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Parmi les deux éléments biographiques qui me viennent à l'esprit, il y a d'une part la religion, qui ressort pratiquement de tous tes livres ; il y a presque toujours au moins une allusion à la judaïcité. Si je prends, par exemple, « Paris-Londres », il y a ces trois héros, ces trois caballeros… Et puis, il y a l'art, en tant que tel.
Joann Sfar :
...C'est le centre de toutes mes histoires, c'est un immense vide, une immense tendresse. Romain Gary, auteur que j'admire beaucoup, dit que les hommes ont besoin de toute la tendresse du monde et que les chats et chiens, cela ne suffisait pas… qu'il a fallu en plus les éléphants. Et bien moi, je suis vraiment comme ça.

...Pourquoi pas ? Stevenson disait que les livres, ce sont des lettres qu'on fait pour les gens qu'on aime et que le lecteur est là pour affranchir le timbre. C'est pas du cynisme, c'est pas du mépris du lecteur, c'est au contraire l'élever très haut parce que c'est l'élever au rang des amis.

Alors, un mot peut-être sur le projet le plus atypique ou le plus ambitieux, je ne sais pas, la biographie de Pascin ?
Joann Sfar :
...Je le mets en scène avec deux autres peintres qui me tiennent beaucoup à cœur : Chaïm Soutine et Marc Chagall. Je leur fais vivre à tous les trois des aventures à la Pagnol ou à la Albert Cohen dans le Paris et le Marseille des années 20.


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
"Car pour mon maître toutes les femmes sont des mères, des épouses et des maîtresses."
Joann Sfar :
...(Soupir)…C'est un constat triste. C'est le constat de l'inanité du donjuanisme. Comme dit d'ailleurs Otto Rank, un des fondateurs de la psychanalyse :"Je crois que le donjuanisme ne relève de rien d'autre que de la volonté d'être plusieurs, ce qui est impossible, et de vivre dans plusieurs réalités ce qui est impensable." Il faudrait arrêter cela mais je peux vous rassurer, ça ne changera pas !

Peut-on considérer qu'une partie de vos albums est destinée aux adultes et qu'une autre est destinée à la jeunesse ?
Joann Sfar:
...La seule, la plus grande leçon que j'ai retenue de Pierre Dubois, qui m'a appris mon métier, c'est ceci : "Le plus grand service que tu puisses rendre au lecteur, c'est de ne jamais penser à lui". Sinon tu te retrouves en train d'écrire pour un public. Tu deviens du cinéma américain et je veux devenir tout sauf du cinéma américain !

Revenons à Grand Vampire. N'y a t-il pas un côté romantique, voire "kitsch" dans cette série ?
Joann Sfar :
...Ce que je peux faire de pire, à la rigueur, c'est faire comme Hugo Pratt, l'auteur de Corto Maltese : dessiner les baisers en montrant les langues hors de la bouche ! J'ai pris ça chez Pratt.

"Chais pas c'que j'ai avec les filles, chuis pas doué, chuis pas doué du tout. Il faudrait que je me résigne à être un vrai vampire, plutôt qu'un séducteur."
Joann Sfar :
...Après quand je vais vers Pascin, ou vers Le Minuscule Mousquetaire ,je me trouve dans cette illusion que va dénoncer Schopenhauer (philosophe du dix-neuvième siècle), à savoir qu'il peut y avoir une réalisation de soi par le donjuanisme ou par l'activité artistique.

Il a un côté positif avec son côté râleur en fait.
Joann Sfar :
...Oui, et puis c'est drôle en même temps. Quand j'écris ça, je pense de manière explicite à Wilder, à Lubitsch, à Mac Carey, ces types intelligents qui faisaient des comédies d'amour pour tout le monde. J'essaie d'avoir les ressorts de ces comédies américaines des années 30, 60 et le côté roman feuilleton

...Dans Le Chat du Rabbin, on est près de l'os. Là où ça fait mal. (Hésitation suivie d'une grande inspiration)… D'après Françoise Dolto, quand on cache un secret de famille à un enfant, il a le sentiment d'être assimilé à l'animal de la famille. Il n'a pas le droit à la réalité, il n'a pas le droit à la parole

Non, c'est dans Pascin.
Joann Sfar :
... Quand je dessine un tableau du Titien, un grand peintre de la renaissance italienne, je suis amoureux de la personne qui est dessinée, qui est peinte, et je la refais. Mais je la refais pour ressentir ce qu'il a fait. Donc par là, je communique au lecteur cette lecture. Et pour ça, je me sens beaucoup plus proche de la tradition orientale du geste dessinateur que du chef-d'œuvre occidental. Picasso, il avait fait un dessin et on lui a dit : "Vous avez fait ça en deux minutes ?" et il a dit : "Non, je l'ai fait en soixante ans et deux minutes."

Quels sont les dessinateurs que vous admirez ?
Joann Sfar :
...Quand Reiser écrit : "Quand je veux dessiner un ivrogne, je commence par le nez rouge, quand je veux dessiner un coup de poing, je commence par le poing, il explique bien que c'est d'écriture dont il s'agit." Quand Quentin Blake (dessinateur anglais ayant illustré beaucoup de livres pour enfants, notamment ceux de Roald Dahl) écrit : "On commence un dessin parce qu'on a envie de raconter, et le reste on se débrouille", c'est la même chose que ce que dit Reiser. Quand Schulz, l'auteur de Snoopy, dit : "On ne crayonne pas le visage d'un personnage, parce qu'il doit penser ce que vous pensez quand vous le dessinez", je m'aperçois que je suis l'élève de ces gens-là.. Quand Hugo Pratt dit : "Je ne fais pas de crayonné, je dessine directement parce que sinon, c'est comme si je dessinais deux fois", je suis de la même école que lui : je fais une esquisse pour connaître la composition de ma case, parce que c'est essentiel.

http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
" Tu fais apparaître des fétiches, des totems, tu contrôles toi-même ce qui va se passer. C'est extrêmement rassurant. "
Il évoque aussi Chagall, « qui voulait peindre tous les juifs sur ses toiles, pour les emmener et les mettre en sécurité ».


http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
Casus Belli :On te compare souvent à un feuilletoniste. Comment expliques-tu ta productivité, d'autant que plus les albums s'enchaînent, meilleurs ils semblent être ?
Joann Sfar : ...On a tort de raconter que les joueurs et les écrivains "s'évadent du réel". Je crois au contraire que le passage par le mythe permet de mieux comprendre le monde... Comme chez Platon!


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm
Nous :
Justement, comment se fait ce passage entre les personnages que vous avez dans la tête, parfois depuis des années, et leur apparition sur la planche à dessin ?
Joann Sfar : Il y a un moment où on a le calme nécessaire pour laisser les personnages s'exprimer sans intervenir sur ce qu'ils vont dire. Louis Jouvet déjà disait que pour bien jouer un texte, il ne fallait pas le jouer, il suffisait de le dire et de bien respirer.

Nous : Pour revenir sur les histoires d'amour que vous dessinez, est-ce que vous vous inspirez des œuvres de Théophile Gautier ? On trouve dans son œuvre beaucoup de personnages masculins de son siècle, le XIXème, comme dans La Morte amoureuse ou dans Le Roman de la Momie, qui tombent amoureux de femmes des siècles précédents ? Chez vous, ce sont le plus souvent des femmes de notre siècle qui s 'éprennent d'hommes d'autres temps, par exemple la Fille du Professeur qui tombe sous le charme d'une momie ou une touriste japonaise qui aime un Vampire. Peut-on vous inscrire dans la lignée de ce fantastique-là ?
Joann Sfar : Non, car le propre du fantastique littéraire dix-neuvièmiste, c'est de passer tout le texte à se demander si on est dans la réalité ou pas. Moi, je suis aux antipodes. Gaston Bachelard qui est un auteur fondateur pour moi expliquait dans L'air et les Songes que l'imaginaire est le contraire d'une image, ce n'est pas la chose que l'on voit mais c'est le sentiment dynamique de se déplacer vers quelque chose. Il disait également qu'un auteur qui va dépeindre la réalité en la poétisant ne présente aucun intérêt au même titre qu'un auteur qui va dépeindre un monde fantastique, imaginaire. Au contraire, ce qui est intéressant, c'est l'auteur qui réussit à susciter chez le lecteur le sentiment de déplacement, pas le sentiment d'être ailleurs mais celui d'aller vers un ailleurs.

Ce qui me préoccupe, c'est le sentiment de ce que des auteurs comme Jean Ray ou Thomas Owen ont pu appeler du " réalisme fantastique ", c'est-à-dire, selon moi, un moment où on est dans une rue et où simplement par un changement de lumière, on a le sentiment d'être un peu ailleurs.

Quand j'utilise des figures de vampires ou de momies, ce n'est pas dans leur sens d'initiation vers la mort ou de passeur qu'ils pouvaient avoir dans la littérature du siècle dernier, c'est au contraire comme des tartes à la crème de la littérature fantastique. C'est la même chose que quand Molière utilise les figures de la comédia d'el Arte. Il prend Polichinelle et Colombine parce que ce sont les gros clichés de son époque que les gens vont comprendre. Donc, il part des masques que sa société et lui ont en commun et dit : " avec ces masques je vais vous raconter mes histoires ". Moi, c'est un petit peu ce que je fais, je prends des masques du carnaval moderne, le vampire, le mousquetaire, des figures popularisées par le cinéma, la littérature et je raconte autre chose avec.Pour moi, le vampire par exemple, ce n'est pas un personnage étrange, c'est Nosfératu, la famille Adams etc.

Nous : Ce n'est donc pas faire une pâle copie du passé ?
Joann Sfar : Par exemple, dans le domaine du fantastique, des gens comme Clive Barker ont amené un truc qui est de s'identifier systématiquement au monstre. Il en a fait toute son œuvre. Et c'est vachement dur d'être un monstre parce que les gens ne t'aiment pas… Je veux bien m'inscrire dans cette filiation-là, dans une succession d'auteurs fantastiques qui font de la littérature soit très populaire, soit de la grande littérature (je ne vois pas bien la différence) mais en tout cas sont dans quelque chose qui évolue.

Nous : Pour revenir aux deux derniers albums parus, Socrate le Demi-Chien et Le Chat du Rabbin, est-ce aussi un plaisir d'apporter une autre dimension à son histoire qui fait un peu plus réfléchir le lecteur ?
Joann Sfar : Je suis comme un clown, j'utilise tous les accessoires de clown que j'ai dans mon sac et un peu mon patrimoine culturel et éducatif. Mais pas plus qu'un mec comme Goscinny ou comme Cortzman quand il faisait Mad. Il y a une façon d'utiliser tout ce que l'on a, de faire feu de tout bois. C'est aussi ce que fait Woody Allen. C'est-à-dire qu'on va utiliser tout ce qu'on a appris à l'école, en fac, dans sa famille, ce qu'on a vu dans la rue… pour faire marrer les gens.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm
Nous :
Peut-on dire de vous que vous êtes un scénariste " intellectuel ", si le terme ne vous gêne pas ?
Joann Sfar : Depuis des gens comme Gainsbourg, on revient à l'idée que ça vaut le coup d'être très cultivé et que ce n'est pas pour cette raison que l'on va moins s'amuser dans l'existence.

Nous : Pour revenir sur Donjon, vous souvenez-vous comment l'idée est née ?
Joann Sfar : Donjon n'est pas du tout une parodie d'héroic fantasy. Au contraire c'est une volonté de revenir à ce que faisaient des gens comme Tolkien ou Georges Lucas, quand il a fait La Guerre des Etoiles, des types qui veulent créer et bâtir un véritable univers et le font sérieusement. Tolkien était quand même prof à Oxford !
A force d'avoir des sous-Loisel, des sous-sous Loisel, ça finit par fatiguer ! Loisel a sorti quatre albums et on en a fait deux cents copié-collés. J'adore Loisel et ça doit le gonfler autant que moi.


http://www.parutions.com/?pid=1&rid=16&srid=76&ida=2367
Parutions.com :
Quelles sont les réactions de ce jeune public ?
Joann Sfar : En fait, je décris des personnages élémentaires, je suis un élève assidu de Bachelard. Alors qu’en France, on ne fait pas tellement l’éloge de l’imaginaire. De la même façon, dans mon dessin, j’attache beaucoup d’importance à l’épiderme, pour tirer les choses vers ce que l’on ressent - Valery a dit quelque chose comme : ce que l’on a de plus important c’est notre peau.

http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
Joann Sfar :
...Certains font preuve de mauvaise foi en déniant à la BD le statut d’art, alors que ce qui s’y passe en ce moment est beaucoup plus intéressant et enthousiasmant que dans la littérature contemporaine. C’est même le seul domaine romanesque où l’épique est omniprésent ; il ne s’agit pas seulement de genres surannés ou de clichés mais d’une vraie dramaturgie héritée des feuilletonistes comme Alexandre Dumas ou Paul Féval.Bachelard disait que l’art idéal serait celui dans lequel on tomberait, d’une image à une autre image, et où le véritable moment de jouissance serait le voyage induit par la seule volonté musculaire où l’on passe de l’une à l’autre ! Sans le savoir, il décrivait très exactement la BD !"
Ce sont des questions que se posaient, ni plus ni moins, des artistes comme Daumier ou Rembrandt quand ils dessinaient. Ils ne se demandaient pas s’il fallait faire un beau tableau ou pas ! Il ne s’agit pas de représenter les choses de manière photographique mais de manière intelligible pour le lecteur.


Conclusion:

Sur ces extraits d'interviews ou de conférences, joann Sfar arrive à atteindre le nombre prodigieux de 50 citations et références !

Sans aucune connexion entre elles, il est vrai aidé par la synthèse obligatoire d'un article, ces citations et ces références sont amenées là comme dans une vraie discussion de comptoir où on balance des mots lus la veille et oubliés le lendemain. Sans souci de développer une ligne directrice cohérente et contruire un tissage logique et nécessaire dans ces propos, les références propres frisent l'inventaire: cela va de Goscinny, Pratt à Schulz, Françoise Dolto Rank, Bachelard, Picasso, Titien, Rembrandt, Féval, Alexandre, Lucas, Tolkien, Barker, Dumas. Et j'en oublie volontairement afin de nourrir les autres thèmes de cet article.
En fait, Joann Sfar arrive presque à dépasser les 100 références, citations et noms cités plus ou moins directement sur les 12 liens. En lisant on n'est plus dans le registre de la boulimie mais dans celui d'un coma éthylique avancé.

Mais le plus marrant, c'est qu'à force de citer à tort et à travers le contraire et son opposé, il finit par se contredire sur les sujets les plus personnels et évidents. À la question, quel est votre dessinateur préféré ou bien quels sont les dessinateurs qui vous ont influencé dans votre jeunesse, Joann Sfar arrive à atteindre l'exploit de dire tout et son contraire. À se demander si la mémoire fonctionne parfois.


http://www.cuverville.org/article119.html
Vous êtes donc très prolifique. N’avez-vous pas peur dans quelques années, lorsque vous vous retournerez sur votre production, de vous être un peu noyé parfois dans toute cette masse ?
Joann Sfar :
Moebius, qui est un de mes maîtres, m’a dit : tu peux essayer de te trahir mais tu n’y parviendras pas.

Vous ne renieriez pas le syndrome Frank Zappa...
Joann Sfar :
Je suis super fan de Frank Zappa.(...)
Les auteurs que j’aime beaucoup sont des gens comme Hugo Pratt qui dessinait plein de pages chaque jour.


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Bien qu'il y ait deux univers qui se superposent, on retrouve partiellement ton propre univers. Il y a beaucoup d'éléments de cet univers qu'on retrouve d'un album à l'autre mais, en même temps, celui-ci est très… éclectique. On peut le résumer de quelle manière ?
Joann Sfar :
La constante est probablement la recherche de la surprise. Mon maître en bande dessinée ; c'est Fred. Il m'a appris qu'il faut se surprendre soi-même quand on écrit une histoire.

Un dernier mot. Ton dessin est particulièrement spécial et ne correspond à rien d'autre dans le petit monde de la BD franco-belge. D'où viennent tes influences ?
Joann Sfar :
Je ne sais pas trop. Mon dessinateur préféré c'est Fred.


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
Quels sont les dessinateurs que vous admirez ?

Joann Sfar : Mon auteur favori, c'est Sempé. Quand Reiser écrit : "Quand je veux dessiner un ivrogne, je commence par le nez rouge, quand je veux dessiner un coup de poing, je commence par le poing, il explique bien que c'est d'écriture dont il s'agit." Quand bla,bla,bla (voir au dessus)


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm
Nous :
Pour revenir sur les histoires d'amour que vous dessinez, est-ce que vous vous inspirez des œuvres de Théophile Gautier ? On trouve dans son œuvre beaucoup de personnages masculins de ...(plusiuers questions)?
Joann Sfar : Je dois mille fois plus à des auteurs comme Fred, le mec qui a fait Philémon ou à des auteurs comme Gueret, qui est mon dessinateur favori, ou Schulz qui fait Snoopy. Mon Petit Vampire, c'est tout entier un hommage à Snoopy.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm
Nous :
Aviez-vous beaucoup de BD quand vous étiez petit et lesquelles étaient-ce ?
Joann Sfar : J'en avais énormément. D'abord, beaucoup de livres, parce que j'étais un gosse à qui on a toujours lu plein de choses. Et en BD, je lisais de tout. Beaucoup de BD américaines, j'aimais bien les trucs de supers héros, surtout Jack Kirby... Il m'a beaucoup appris. J'ai aussi lu les bandes dessinées de Fred, et comme tout le monde Tintin, Astérix… Tout, je lisais vraiment tout ce qui me tombait sous la main.


http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
Casus Belli :
On te compare souvent à un feuilletoniste. Comment expliques-tu ta productivité, d'autant que plus les albums s'enchaînent, meilleurs ils semblent être ?
Joann Sfar : Mes modèles sont des gens comme Pratt, Picasso ou des peintres chinois. Des gens qui ont cultivé le geste juste et sûr plutôt que le chef d'oeuvre.


http://www.parutions.com/?pid=1&rid=16&srid=76&ida=2367
Parutions.com :
Vous avez animé cette semaine dans une librairie parisienne une rencontre avec Will Eisner sur le thème peu commun du judaïsme et de la bande dessinée.
Joann Sfar : Concernant Will Eisner, ça a été un choc quand j’ai lu Un contrat avec Dieu. Quand j’étais gamin je lisais déjà Le Spirit, j’aimais y trouver, comme dans Snoopy ou Les Quatre Fantastiques, toute une famille de personnages. C’est un point commun à tous mes récits. On y trouve une famille de copains. Une autre révélation, gamin, ça a été Fred, mais aussi les Conan de Buscema, Goscinny, ou Pratt. Plus tard, j’étais très fan du Jeune Albert. Ce que j’aime chez Chaland, c’est que l’usage du style est au service du propos.

http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
...on peut s’étonner qu’il cite volontiers Jean-Michel Charlier (le scénariste de "Blueberry") comme un de ses maîtres. "Ce que j’apprécie chez Charlier, c’est son rapport à l’histoire. Ce n’était pas un historien (il multipliait les inexactitudes) mais il essayait de transmettre son goût pour l’Histoire. Il démontrait, en bon feuilletoniste, que les protagonistes des événements historiques avaient globalement en tête les mêmes choses alors qu’ils vivaient dans des sociétés différentes.
J’ai grandi avec des super-héros (ah ! les BD de Jack Kirby, c’étaient quand même quelque chose !) dont on pouvait acheter des aventures tous les mois ou avec un Pif Gadget qu’on recevait toutes les semaines. 

Donc finalement, si on devait faire un classement de l'artiste préféré: on mettrait Fred, Sempé et Guéret dans les 3 premiers, je n'ose pas écrire à égalité car cela serait apporter un semblant d'équilibre et de logique à toutes ses références. Et ses maîtres seraient Pratt, Picasso, Charlier, Moebius. Sa formation serait Schulz, Jack kirby et Pif gadget. À se demander devant tout cela, si Joann Sfar n'a pris le magazine Pif pour le gadget et inversement à l'achat...
On peut retenir une chose c'est que les gens qu'il cite, il les aime, cela reste toujours positif. Ils sont leur maître ou il est leur super gros fan.
Mais J'ai quand même trouvé des gens qu'il n'aimait pas.

http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
Casus Belli : On devine, à travers tes histoires, une importante culture classique. Elle t'aide à générer ton fantastique ?
Joann Sfar : ...J'adore lire des philosophes que je n'aime pas : Hegel, par exemple, je le déteste ! He bin quand je le lis, ça me colle les nerfs et ça me donne envie d'écrire des trucs pour torpiller sa putain de théorie de l'Histoire de mes couilles.


http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
Alors, il lit La Métamorphose et Le Procès, et puis l'Introduction à la psychanalyse, de Freud, et découvre Le Banquet, de Platon. Révélation. « C'est plus facile à lire et beaucoup moins chiant que Balzac ou Stendhal, parce que ça te parle de toi. »


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm
Nous :
Pour revenir sur les histoires d'amour que vous dessinez, est-ce que vous vous inspirez des œuvres de Théophile Gautier ? On trouve dans son œuvre beaucoup de personnages masculins de son ...
Joann Sfar : ...Il y a souvent une grosse incompréhension avec les gens qui croient me faire super plaisir en me plaçant dans la lignée de Tim Burton alors qu'en fait, je ne l'aime pas du tout. C'est un génie de l'imagerie mais il ne la dépasse jamais. Il se borne à faire des citations littérales d'auteurs comme Edward Gorey, ou Charles Adams et en reste à une fascination adolescente pour l'imagerie de films d'horreur.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm
Nous :
Peut-on dire de vous que vous êtes un scénariste " intellectuel ", si le terme ne vous gêne pas ?
Joann Sfar : C'est marrant parce que tu me demandes si le terme ne me gène pas. Dire que quelqu'un est un intellectuel, ça passe pour une insulte. Tu sais il y a un monsieur que je n'aime pas beaucoup qui s 'appelle Guy Debord et qui entre autre, pendant mai 68, a décidé qu'un intellectuel c'était mal, un professeur c'était mal, que ce qui était sympa, c'était les mauvais garçons qui n'écoutent rien et qui font les cons. Je pense qu'il y a des manières plus intelligentes de faire la révolution qu'en disant qu'il faut lui péter la gueule à tout ce qui tient un livre et qui a des lunettes. Moi, ce que j'ai constaté dans mes trente ans de passage sur cette Terre, c'est que plus les gens sont intelligents plus l'on s'amuse avec eux, plus c'est agréable de manger avec eux, de faire l'amour avec eux, de parler avec eux... Je pars du principe que plus l'on fréquente de gens intelligents, mieux c'est.


Joann Sfar n'aime pas Guy Debord. Normal pour quelqu'un qui a écrit "la Société du Spectacle". Joann Sfar est un spectacle à lui tout seul.
Tim Burton non plus auquel il reproche de faire de la citation littérale, notamment de la famille Adams. Certainement parce que la citation de comptoir est plus valorisante que la citation littérale. Quant à Hegel, c'est vrai qu'il a écrit un gros pavé titré "L'Esthétique". Et L'Esthétique, c'est un sujet qui le touche profondément. On verra plus tard sa définition du dessin qui prête à sourire.


Joann Sfar ne sait pas donc ce qu'il dit et ne s'en souvient pas. Et ce n'importe quoi dans ses propres références, fondements pourtant de son travail, a des répercutions lorsqu'il parle même de l'acte de dessiner, de faire de la Bd.
Sur son emploi du temps et avec le temps accordé à son travail, il se permet des improbalités débordantes.
L'emploi du temps est un thème parmi tant d'autres, mais il est intéressant de l'aborder car la notion du temps de travail pour lui est très précise.

Joann Sfar, l'emploi du temps:


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Pour toi, ça a été dur par exemple d'avoir des cases, des vrais cases avec des bords droits ?
Joann Sfar :
Non, non, ça je sais faire. Des fois, je déborde mais je mets du blanc !… Non, le plaisir c'est de travailler avec David. On se connaît bien, on a passé trois ans dans le même atelier, il ne se passe pas deux jours sans qu'on ne se voie dans un salon de thé ou autre…

Un dernier mot. Ton dessin est particulièrement spécial et ne correspond à rien d'autre dans le petit monde de la BD franco-belge. D'où viennent tes influences ?
Joann Sfar : ...Le centre de mon activité en dehors des bandes dessinées, c'est que je passe quatre heures par jour dans les cafés à dessiner des gens. Et de ce dessin d'après nature, de ce dessin foncièrement utilitaire vient mon envie de dessiner, de raconter, de mettre en scène et de regarder des peintures aussi; parce que je vais beaucoup au musée. J'essaie de regarder tout autre chose que les bandes dessinées pour faire des bandes dessinées.


http://www.parutions.com/?pid=1&rid=16&srid=76&ida=2367

Parutions.com :
Vous avez un côté stakhanoviste, vous avez dit que vous faisiez de la BD pour "épater les copains". Ils sont nombreux ?
Joann Sfar : Le but n’est pas de faire le plus d’albums possible mais, pour vivre normalement, je dois passer dix à quinze heures par jour à gribouiller. C’est mon vice, comme fumer pour d’autres. On me dit souvent que je travaille vite, mais non, je fais une ou deux pages par jour, mais cela me prend six à sept heures par page, et toujours la plume sur le papier.


http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
Cahiers de croquis et banals blocs-notes livrent alors la vie baladeuse de leur propriétaire : un arrêt dans un café, une promenade avec sa petite fille au Jardin des Plantes, un voyage à Edimbourg.
.

http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
Joann Sfar : ...ma façon de répondre à cette absence de la presse BD est de réaliser des albums qui sont de moins en moins chers (je ne suis pas étranger au fait que, chez Delcourt, mes bouquins coûtent 3 euros de moins qu’il y a 8 ans, quand j’ai commencé) tout en m’efforçant d’en faire paraître 2 par an. C’est le cas pour «Grand Vampire», la série qui me tient le plus à coeur ; et je dessine 15 heures par jour, le nez sur la feuille, pour que ça avance.
Je pense qu’il y a un investissement dans une pratique. C’est au-delà de ce qu’on pourrait appeler du travail. Moi, je passe 15 heures par jours à dessiner : c’est certainement une difficulté à vivre qui fait que je me réfugie là-dedans, et, par chance, cela a pu devenir une profession.

Donc en résumé, 10 à 15 heure de dessin, 4 heures dans les cafés, par jour sans oublier la visite des musées, plus le quotidien à gérer. C'est clair: Joann Sfar explose l'emploi du temps de n'importe quel politicien qui travaille pour la France. Hervé Gaymard avec ses 120 heures peut aller se rhabiller. Qu'a t'on en commun avec ce monstre de travail finalement, fainéants que nous sommes? Et bien tout simplement le net. Souvenez vous l'extrait d'entretien de mon préambule.

http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Joann Sfar :
...Je suis toujours fourré sur Internet, je passe des heures sur le Net, à voir ce qu’on écrit sur moi. Et sur des gens que j’aime pas.

Heureusement pour le laborieux Joann que les bornes internet sont apparues dans les cafés, ainsi il peut feuilleter les pages sur Burton et Debord. Il peut même y regarder des oeuvres exposées d'artistes-potes du gérant de nuit ou de jour. Si les salons de thé faisaient aussi tout cela, il pourrait placer dans le même lieu son rendez-vous avec David B.

On retiendra surtout que la majorité du temps de travail est dédié au ... dessin. On aurait penser aux scénarii, ou aux dialogues. Non, 10 à 15h de dessin, montre en main; c'est du 7h-12h et 13h-23h en travaillant à fond.
Là où la citation de comptoir résonne encore dans le bar, Joann Sfar apporte sa touche à la définition du dessin digne d'une esthétique du comptoir à l'état d'ébauche, c'est à dire tout et son contraire.

Qu'est ce que le dessin pour Joann Sfar?


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Parmi les deux éléments biographiques qui me viennent à l'esprit, il y a d'une part la religion, qui ressort pratiquement de tous tes livres ; il y a presque toujours au moins une allusion à la judaïcité. Si je prends, par exemple, « Paris-Londres », il y a ces trois héros, ces trois caballeros… Et puis, il y a l'art, en tant que tel.
Joann Sfar :
...La deuxième, sur l'art… C'est vrai que c'est un questionnement… par rapport au dessin, par rapport à la façon dont on peut se mettre en scène soi-même. J'aime le dessin parce que je trouve que c'est une posture idéologique face à l'existence. Le dessin, ça veut dire, il n'y a rien entre les choses et moi. Ca veut dire, je dessine une chose et il n'y a pas d'idéologie, il n'y a pas de pensée, il n'y a pas de théorie entre la chose et moi. J'arrive à me l'approprier simplement par le fait de mon regard.


http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
Joann Sfar : Il n’y a rien qui m’intéresse autant dans la vie que le dessin ! Donc, mon but n’est pas de mal dessiner mais je ne cherche pas à faire joli. J’ai envie de réaliser un dessin juste, comme on m’a appris aux beaux-arts : c’est à dire un dessin où l’on comprend exactement ce que fait le personnage et où la maîtrise du trait est telle qu’il raconte par lui-même.
Quand je dessine les rues du Maghreb, ce serait très facile d’en montrer une vision romantique interprétée.
Moi, je me pose même des questions sur l’origine des pavés que je dessine : depuis combien de temps sont-ils posés, est-ce qu’il y a de l’eau qui ruisselle entre les pierres et à quelle vitesse, est-ce qu’il fait froid ou chaud, comment s’habillent les gens, est-ce que la porte de la maison est fermée ou ouverte, est-ce qu’elle est abîmée...
Le dessin est un processus narratif qui est un moyen de se raconter et de dédramatiser l’existence : il ne faut pas l’enseigner seulement comme une représentation et faire l’apologie des arts plastiques.


http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
"Je n'ai pas le courage de suivre une psychanalyse, mais je lis beaucoup de bouquins sur le sujet. Dans le dessin, il y a une façon de nier le deuil. Tu fais apparaître des fétiches, des totems, tu contrôles toi-même ce qui va se passer. C'est extrêmement rassurant. "


http://www.cuverville.org/article119.html
On a parlé de lieux. Parlons un peu d’époque. Vous situez la plupart de vos histoires dans un temps qui n’est pas contemporain. Pourquoi ?
Joann Sfar :
...Il y a des choses que l’inconscient collectif met longtemps à assimiler, les nouvelles formes, les nouveaux objets, et c’est vrai que je préfère dessiner de vieilles voitures ou de vieilles maisons, mais dans lesquelles on vit encore aujourd’hui. Quand on demande à un gamin de dessiner une maison, il dessine souvent un toit en tuiles même si il n’y en a pas chez lui. J’essaie de travailler avec des images qui de manière inconsciente font écho chez les gens. Donc pas forcément des images photographiques.


Le dessin chez Sfar englobe tout finalement. Il est un processus narratif, qui devient un écho inconscient jusqu' à une négation du deuil, mais également le dessin, c'est bien car il n'y a pas d'idéologie, de pensée et de théorie. C'est à se demander si Joann Sfar relit correctement ce qui est écrit dans les pages internet des sites qui constituent la principale source de cet article. C'est clair, Hegel n'a qu'à bien se tenir.

En fait Joann Sfar ne lit pas, il doit voir. On ne l'écoute pas, on l'entend.

Après avoir déployé une esthétique de comptoir, il aborde la psychologie sous le même angle. Freud, Rank, Jung, tout passe par le shaker du barman. C'est clair, Joann Sfar s'y connait. Il a du passer ses 4 heures quotidiennes au café à observer et dessiner le barman.
Plus douloureux, la psychologie de Joann Sfar s'exerce à propos de sa mère disparue. Depuis que que Jacques Dorffmann a dédié son film "Vercingetorix" (avec Christophe Lambert) à son père, l'hommage parental en a pris un coup sur l'aile. Joann Sfar est là pour nous le rappeler.


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Parmi les deux éléments biographiques qui me viennent à l'esprit, il y a d'une part la religion, qui ressort pratiquement de tous tes livres ; il y a presque toujours au moins une allusion à la judaïcité. Si je prends, par exemple, « Paris-Londres », il y a ces trois héros, ces trois caballeros… Et puis, il y a l'art, en tant que tel.
Joann Sfar :
...Mais il y a une troisième chose qui est présente dans mes histoires, c'est peut-être le centre de tout mon travail, c'est que j'ai perdu ma maman quand j'étais tout petit et que je fais des histoires pour lui parler. Et je me dis que plus mes histoires seront connues, plus elle aura des chances de les lire. Ce vide que j'essaie de combler en dessinant trois pages par jour et en en écrivant deux, plus j'avance dans l'existence, plus il me semble béant. C'est le centre de toutes mes histoires, c'est un immense vide, une immense tendresse.


http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
Joann Sfar : "Pendant deux ans ils m'ont laissé croire qu'elle était partie en voyage. Pour combler son absence, je me suis mis à dessiner de manière obsessionnelle, compulsive." 
" Je n'ai pas le courage de suivre une psychanalyse, mais je lis beaucoup de bouquins sur le sujet."


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
Ce passage est poignant...très émouvant...
Joann Sfar :
...Quand ma maman est morte, quand j'étais petit… eh bien… c'est classique, on m'a dit qu'elle était partie en voyage pendant deux, trois ans. Et je crois que c'est ça que je raconte dans Le Chat du Rabbin et les caprices que, moi le chat, j'ai dans l'existence, c'est les comptes à régler avec ce Dieu.


Que dire devant cet état de fait? Joann Sfar se permet même de faire une auto psychanalyse dans le texte. On apprend en plus qu'il dessine 3 pages et en écrit 2 par jour, qu'il lit bcp de bouquins sur la psychologie. Je comptabilise à nouveau son emploi du temps et son temps de travail. Après la semaine de 35 heures, Joann invente la journée de 35 heures. C'est pratique, finalement, ça laisse les 6 jours restants pour aller au café tout le temps et discuter avec un anonyme au comptoir pour lui citer les phrases philosophiques. Dommage pour lui, il se serait intéressé au latin, il n'aurait eu qu'à lire les pages roses du dictionnaire Larousse.

Mais ce passage permet d'aborder à proprement parler 2 points importants chez Joann Sfar, le dessinateur de Bds:
Premier point : ses bandes dessinées, le chat du rabbin, le Donjon, Socrate,le demi-chien... etc..
Second point : l'autobiographie dans son oeuvre.

Le chat du Rabbin est il un récit autobiographie? L'interviewer souvent le pense. Joann Sfar... disons poliment, ne le sait pas. En fait, comme d'habitude, Joann Sfar se contredit selon l'interlocuteur pour toutes ses bds. Pathétique, d'autant plus que la thématique de l'autobiographie n'était pas une démarche pour laquelle il avait un certain intérêt...au départ.


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Bien qu'il y ait deux univers qui se superposent, on retrouve partiellement ton propre univers. Il y a beaucoup d'éléments de cet univers qu'on retrouve d'un album à l'autre mais, en même temps, celui-ci est très… éclectique. On peut le résumer de quelle manière ?
Joann Sfar :
...Je n'irai pas jusqu'à dire que le hasard a une rôle important dans mon travail mais en tout cas, j'essaie de trouver les aléas de l'existence dans mes fictions. Je ne fais pas d'autobiographie parce que c'est un genre qui ne m'intéresse pas, mais mes récits fictifs se nourrissent de scènes vécues.


http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Est-ce que le chat du rabbin est votre série la plus personnelle ?
Joann Sfar :
...Non, c’est juste un angle d’attaque un peu différent. Ces personnages sont récents, contrairement à ceux que je mets en scène [dans mes autres séries], que j’ai inventés quand j’étais ado. Ce sont des personnages qui vieillissent, qui voient partir leurs enfants. C’est la moins autobiographique de mes séries. Il m’a fallu du temps pour appréhender cette identité algérienne si souvent caricaturée.
C’est pas ma famille, c’est pas moi. Quand c’est trop intime, j’aime bien que ce soit les autres qui le dessinent. C’est le cas des olives noires.

http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
"Chais pas c'que j'ai avec les filles, chuis pas doué, chuis pas doué du tout. Il faudrait que je me résigne à être un vrai vampire, plutôt qu'un séducteur."
Joann Sfar :
...J'effectue un retour au réel avec Le Chat du Rabbin, où il est question d'un destin familial, où on meurt, on vieillit, on a des enfants et tout ça…
Peut-être que lorsque je me confronte sans prisme aux réalités pour la première fois c'est quand je commence à faire des autobiographies… ce qui est très récent. Encore faut-il que j'utilise le prétexte d' une méthode de musique comme dans Harmonica… Car je n'assume pas encore le fait de raconter ma vie… et j'ai besoin de ce prisme-là.

Ce passage est poignant...très émouvant...
Joann Sfar :
...Je suis content ! Je suis content de n'être pas le seul à pleurer ! Il n'y a probablement aucun de mes personnages qui ne me ressemble autant que ce chat, parce qu'il a la même opiniâtreté que moi à survivre… Dans Le Chat du Rabbin, on est près de l'os. Là où ça fait mal. (Hésitation suivie d'une grande inspiration)… D'après Françoise Dolto, quand on cache un secret de famille à un enfant, il a le sentiment d'être assimilé à l'animal de la famille. Il n'a pas le droit à la réalité, il n'a pas le droit à la parole… Quand ma maman est morte, quand j'étais petit… eh bien… c'est classique, on m'a dit qu'elle était partie en voyage pendant deux, trois ans. Et je crois que c'est ça que je raconte dans Le Chat du Rabbin et les caprices que, moi le chat, j'ai dans l'existence, c'est les comptes à régler avec ce Dieu.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm
Nous :
Pourquoi, alors que les deux BDs semblent aller de pair, avez-vous scénarisé et illustré Le Chat du Rabbin et laissé à Christophe Blain le soin de faire les dessins de Socrate le Demi-Chien ?
Joann Sfar : ...Je me suis ensuite rendu compte que j'avais aussi des choses à raconter sur la pensée juive et sur l'imaginaire des Juifs du Maghreb et j'ai eu l'idée du Chat du Rabbin. Comme je n'avais personne pour le dessiner, je m'en suis chargé moi-même. De manière peut-être un peu plus profonde, Socrate, je l'ai écrit pour Christophe, donc je suis parti de ses préoccupations qui sont plutôt viriles puisqu'il navigue beaucoup dans des univers de mecs. D'où le clébard, le gros muscle et le regard un peu superficiel posé sur les nanas… que l'on retrouve dans cet album. J'ai essayé de penser à des choses qui lui feraient plaisir à dessiner. De même quand je me suis attaquer au Chat du Rabin, je voulais avant tout me faire plaisir aussi bien pour l'histoire que pour les dessins. Dans ma famille, on m'a toujours beaucoup parlé de l'Algérie parce que c'est de là que vient mon père même si je n'y ai jamais mis les pieds. Cela fait beaucoup fonctionner l'imagination. Je me suis procuré des tas de photos du siècle dernier et de ce pays qui m'ont servi comme point de départ pour le dessin. Des histoires obéissent plus à des envies qu'à des plans calculés. Ce qui se produit, en fait, est très intuitif...

http://www.hold-up.info/Entretiens/joann.htm
Joann Sfar : ...J’ai d’abord eu le titre, car comme La Fille du professeur avait bien marché, j’ai eu envie de trouver un titre aussi simple : Le Chat du rabbin m’est venu à l’esprit et au début j’ai voulu faire une histoire sur la famille de ma mère, décimée en Ukraine. Mais comme j’ai grandi dans la famille de mon papa, des Séfarades d’Afrique du nord, je me suis finalement plutôt inspiré de ces croyances.
Je n’ai jamais mis les pieds en Algérie, j’ai grandi à Nice dans une famille de la middle class, mon père étant avocat et je ne connaissais du pays de mes ancêtres, que ce qu’on me racontait. J’avais tout en tête, sauf les images. Je suis donc allé chercher toutes les images possibles, des cartes postales du début du siècle et des peintures du dimanche
.


Il aurait pu dire au lieu des peintures du dimanche, peintures de café à Montmartre. On ne lui aurait pas voulu.
Donc dans un premier temps, l'autobiographie, cela ne l'intéresse pas. Le chat du rabbin n'est pas un récit autobiographie. Après il reconnait avoir fait de l'autobiographie et que le chat du rabbin est un une bd autobiographique. Mais quand c'est trop autobiographique, ce n'est pas lui qui dessine. Au tout cas, c'est lui qui signe. La dernière source date d'octobre 2005, c'est tout frais. 2006, cela sera tout autre chose...

Ce qui est amusant dans ce récit autobiographique, c'est de parler d'une époque sans date et de lieux géographiques précis. Heureusement que les documents photographique sont nécessaires. C'est clair, il n'a pas pu pas faire de croquis d'après nature puisque il avoue n'avoir jamais mis les pieds dans le lieu de sa Bd (j'y pense, il faut que je l'ajoute à l'emploi du temps de Joann: la recherche des documents photographiques).
Par contre cette absence de contact du réel ne le gêne pas du tout pour faire une Bd. Il peut donc s'attaquer à un sujet sur l'Afrique avec sa jungle et dessiner des bonobos à volonté, bien qu'il en pense le contraire pour des raisons évidentes:


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Parmi les deux éléments biographiques qui me viennent à l'esprit, il y a d'une part la religion, qui ressort pratiquement de tous tes livres ; il y a presque toujours au moins une allusion à la judaïcité. Si je prends, par exemple, « Paris-Londres », il y a ces trois héros, ces trois caballeros… Et puis, il y a l'art, en tant que tel.

Joann Sfar : ...Je n'ai pas une passion exclusive pour le judaïsme, je parle des gens que je connais. J'aimerais beaucoup faire un livre sur l'Afrique mais je ne connais pas bien l'Afrique. Tant que je ne la connaîtrai pas, je n'en parlerai pas. Ca c'est pour la première question.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htmm
Nous : Pour revenir aux deux derniers albums parus, Socrate le Demi-Chien et Le Chat du Rabbin, est-ce aussi un plaisir d'apporter une autre dimension à son histoire qui fait un peu plus réfléchir le lecteur ?
Joann Sfar :
...A titre personnel, je préfèrerais cent fois parler de la jungle, des éléphants ou des rhinocéros. C'est beaucoup plus spectaculaire. Mais je n'y ai jamais foutu les pieds, je ne serai donc pas très bon pour en parler.

Mais assez bon pour parler de l'Algérie. C'est vrai que l'Algérie, ce n'est pas l'Afrique...
Ce qui et bien avec Joann Sfar, c'est qu'il n'y a pas besoin de chercher beaucoup car quoi qu'il dise, il fait montre d'un condensé ultime dans le n'importe quoi. Cela en devient obscur et mystérieux pour tout le monde et lui en premier. Le donjon ne déroge pas, même dans son sujet principal.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm
Nous :
Pour revenir sur Donjon, vous souvenez-vous comment l'idée est née ?
Joann Sfar : ...Finalement, on s'est dit que Donjon, c'était un terme générique plutôt pas mal parce que cela faisait penser au jeu de rôle, et qu'en plus ce serait l'histoire d'un lieu et pas d'un personnage. Cette différence là est très intéressante puisque le héros de Donjon, c'est le donjon lui-même, on le voit se détruire avec le temps.


http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
La façon dont tes personnages apparaissent, disparaissent, jouent les seconds rôles d'album en album, n'est-elle pas liée à cette pratique du jeu ?
Joann Sfar :
...Surtout lorsqu'on joue en campagne et que votre personnage se marie, a des enfants et qu'ensuite vous jouez son fils, le personnage qui était un fringant bretteur durant les premières parties devient un vieillard respecté mais inutile… Cette déliquescence du héros, inéluctable, m'intéresse énormément. Dans Donjon, c'est même le sujet central : que valent les héros et leurs idéaux face au temps ?


Le sujet n'est pas très clair pour Joann Sfar. Il y parle de déliquescence (auto psychanalyse involontaire?). Ou peut-être autre chose. Après avoir passé tant d'heures au café à boire du pastis au lieu de dessiner et de réfléchir à son histoire, c'est certainement normal. Mais pour pallier ce déficit, il travaille en équipe.
Mais parfois cela ne fonctionne pas. Et donc l'explication d'un échec de collaboration à nouveau symbolise la réflexion de Joann Sfar sur son travail. L'exemple avec David B. est flagrant et assourdissant.

Avant

http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
C'est aussi une rencontre entre deux dessinateurs dont les styles ne sont a priori absolument pas semblables. Or, l'osmose est pratiquement parfaite. Les connaisseurs reconnaîtront évidemment les styles de l'un et l'autre; notamment le tien qui est très facile à retrouver lorsqu'on voit que tu grattes avec ta plume comme toujours les fonds de décors et les personnages. Mais vous avez voulu qu'il y ait cette osmose entre les deux styles graphiques, pourquoi ?

Joann Sfar : C'est presque plus du syncrétisme que de l'osmose puisqu'on a choisi de superposer nos dessins plutôt que de les fondre l'un dans l'autre. David, c'est avant tout la rigueur, la cruauté et, en dernier lieu, c'est vraiment Thanatos. Et moi, je me suis fait remarquer plutôt par mes scènes de tendresse, de bizarreries, de tremblement… L'idée était de mélanger mon évanescence à la rectitude du dessin de David - parce que David a un dessin symbolique et typographique et, moi, j'ai un dessin qui est sensuel et qui se perd dans ce que je dessine. Quand quelque chose m'intéresse, je vais passer dix heures à gratter dessus et quand cela ne m'intéresse pas, je vais faire une case en dix minutes parce que j'essaye de retrouver le rythme de la vie dans mes bandes dessinées. Faire voisiner mon bordel et l'organisation de David, on s'est dit qu'à deux, ça pouvait faire presque un dessinateur normal. On va essayer !

Après

http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm
Nous :
En parlant de plaisir, comment choisissez-vous vos collaborateurs ?
Joann Sfar : ...Et on a fait 500 cents pages déjà ! Il y a des fois où la sauce prend moins. Par exemple avec David B. (c'est un de mes meilleurs copains), on voulait absolument faire un truc ensemble. Mais sur Urani, on a eu vraiment du mal parce qu'on a tous les deux les mêmes qualités et les mêmes défauts.


En résumé, Joann Sfar et David B travaillent ensemble parce qu'il sont différents et cela ne marche pas parce qu'ils sont identiques.
Heureusement qu'ils se connaissent bien tous les deux car ils sont amis depuis une dizaine d'années et qu'ils se voient tous les 2 jours.

J'espère, chers lecteurs, que vous vous êtes aperçus que déjà j'ai abandonné l'écriture mon article et que je fais du Sfar. Je cite du Sfar, je fais un inventaire et je me place en tant que voyeur et j'essaye de vous faire rire. Le syncrétisme flirte avec le crétinisme. Il est vrai qu'on a tendence facilement à manger les syllabes lorsqu'on a trop bu. Marrant qu'il utilise le syncrétisme, il y a la définition philosophique et religieuse du mot, celle qu'il utilise (plusieurs doctrines différentes), mais il y a aussi celle de la psychologie enfantine, c'est à dire la perception première confuse des enfants à la découverte de leur environnement. J'ai utilisé les définitions du Larousse pour ne pas faire compliqué (les pages blanches). Ce qui est amusant également, c'est le mot au dessus de "syncrétisme" dans le dico: c'est "syncoper". Il est vrai qu'on peut tomber inconscient après une telle confusion de propos.

Tiens donc, je vais faire de la fiction autobiographique dans ce texte... Je suis accoudé au comptoir du bar du pont face à mon verre. Mais il n'est pas seul, le verre. Il y a celui de Joann à côté qui trinque avec lui. Il est minuit onze, nous sommes un lundi. Donc le mardi, puisque minuit est passé.

Mais revenons à la réalité car je dois terminer ce satané texte. Joann dit n'importe quoi, se contredit tout le temps et finalement il arrive ce qu'il arrive. C'est que personne ne le comprend. Et là, Joann ne comprend pas non plus, même quand il parle de son job, dessinateur de Bds. Mais il cherche à s'expliquer. Et quand Joann s'explique, alors que son principal souci en Bds est de faire rire ses copains, on touche au jackpot.

http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm
Nous :
D'où vient le fait que vous soyez un auteur aussi prolifique ?
Joann Sfar : Cela m'agace un peu quand on me parle d'un bouquin à moi qui vient de sortir et qu'on essaye d'en tirer une sorte de discours global, alors qu'en général, cette BD ne veut rien dire en dehors d'un ensemble. Un livre de littérature souvent cela fait 500,600,700 pages, il faut donc s'immerger dedans, tandis qu'une BD cela se lit en 20mn. Et mon combat en BD, c'est de la tirer le plus possible vers l'écriture. La peinture je m'en fous. Je voudrais que l'on puisse recevoir çà un peu comme La Recherche du Temps perdu c'est-à-dire un travail très patchwork, très rapsode, très disparate mais qui a un sens quand on le voit dans son ensemble.


http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
Doté d’une maîtrise de philosophie, Joann entre à l’école des beaux-arts de Paris. Ses premières BD seront pour la revue Lapin publiée par l’Association, groupement d’auteurs désirant renouveler la narration graphique. Joann ira même jusqu‘à déclarer que la BD a définitivement perdu le combat des beaux-arts mais que celui qu’elle doit gagner c’est celui de l’écriture 
! "C’était une formule ! Je voulais dire par-là que le fait d’accrocher des planches de BD au mur d’un musée n’est pas le meilleur moyen pour promouvoir cet art. Il me semble que la BD c’est avant tout un mode d’écriture. En disant cela, je ne mets pas le texte avant le dessin : je veux simplement dire que le dessin de BD est une écriture !

J'avais oublié Proust dans les références de Joann, je l'ajoute... Attention, Joann pête un câble dans le texte qui suit.
Sfar dans le texte, Quand Joann rime avec Jean-claude Van Damme...


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
"Car pour mon maître toutes les femmes sont des mères, des épouses et des maîtresses."
Joann Sfar :
...Euh... en fait je les connais mes bouquins, c'est le chien dans Socrate, le Demi-chien. C'est drôle, j'avais essayé avec Socrate le Demi-chien de développer une espèce de discours assez méchant et assez brutal et qui me paraissait relever d'un féminisme de combat.
Je crois que ça a été mal compris. J'explique dans ce livre-là, que l'homme, je veux dire par là le Mâle, a tendance à traiter son chien et sa femme de la même façon : c'est-à-dire que le chien comme la femme servent l'homme. Ainsi ce dernier peut affirmer : "Parce que je te gratifie d'une caresse, l'homme c'est moi !" Le corollaire de ça c'est qu'en effet, le chien et la femme, prennent un plaisir coupable, gastrique et à mon avis impardonnable à être la créature du maître, à être la belle du seigneur. C'est un discours qui n'est pas très bien passé… car j'ai vu un tas de gros beaufs machos me dire : "Ton bouquin est super! Ca fait bander!" J'ai vu des tas de nanas super intelligentes me dire : "C'est super macho !"
Moi je m'identifiais au chien, et pour moi c'était une charge contre Héraklès qui représente le Mâle. Mais ça n'a pas été compris comme ça… Il y a beaucoup de garçons qui viennent, qui prennent et qui partent, et il y a beaucoup de filles qui aiment les garçons qui viennent, qui prennent et qui partent. Le problème, c'est qu'on a une part de Bonobo en nous, qu'on n'arrive pas à éteindre et essayer de l'éteindre c'est venir, prendre, partir et dire à la fille : "Je veux pas que tu pleures !" C'est en fait de la lâcheté… Mais je pense que le chien lui aussi est un lâche… puisqu'il accepte cette relation de dépendance qu'il a avec son maître… Je ne sauve personne dans cette histoire-là !…

 

Joann, c'est notre Van Damme national. Vous avez noté. Il a dit le mot "Bonobo", qui est présent dans le titre de cet article.

Nous arrivons à la fin de l'article, chers lecteurs, mais je ne vais pas vous lâcher sans une dernière et superbe envolée de Joann en plein sfarisme éthylique. Il est vrai que je deviens à mon tour boulimique dans ma démarche. Cela ne s'arrêtera donc jamais? Vais je atteindre les 35 heures en une journée? Dire que je n'ai pas abordé "Sfar et la nature", "Sfar et la musique", "Sfar et son moteur", "Sfar et écrire pour", "Sfar et le feuilleton", "Sfar et la citation d'éditeurs (il est aussi superfan de tous les éditeurs), "Sfar et les JdR", "Sfar et les jeux video", "Sfar et internet". Et bien si on va conclure par les trois dernier thèmes.

Tout a commencé par le lien du site http://bd-livres.krinein.com, il est normal de conclure par ce même lien; il est normal de conclure par ce même lien.


http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Krinein :
J’ai visité ton site web, qui est très riche. Un peu à l’image de ta production. Que penses-tu du support web ? T’intéresse-t-il ?
Joann Sfar : ...On a grandi avec ces choses-là. Il y a toujours quelque chose d’excitant dans l’idée d’arriver sur un nouveau mode d’expression. On a débarqué dans Internet avec mes copains : le site a été bâti par mes potes.
On voulait faire des jeux vidéo mais des jeux marrants, cons et pas trop technologiques. Ca, dans le monde des consoles, c’est pas trop monnayable.
Heureusement, il y a les téléphones portables. On est sous contrat avec Bouygues pour leur fabriquer des jeux. On est associés avec les éditions Dargaud : on va être les premiers à faire de la pré-publication de BD sur téléphone portable.
Le livre, il ne faut pas trop le sacraliser. L’important, c’est l’histoire, les personnages…
Sur Internet, il y a vraiment un problème, qui est structurel : Internet ne rapporte pas d’argent. Cela interdit d’avoir de la bonne création. Quand on est auteur, on ne peut pas travailler sérieusement pour Internet, on sait qu’on ne sera pas payé.
Le téléphone portable, c’est autre chose. Les gens ont l’habitude de payer pour la moindre connerie.
Internet, c’est marrant, car tout le monde a le droit de raconter n’importe quoi.

Ce qui est intéressant dans cette remarque à propos du travail sur internet, c'est que selon Joann Sfar, du fait que cela ne rapporte pas d'argent, dit que cela ne peut pas être de "la bonne création". C'est assez gentil pour tous les gens qui font des trucs sur internet, qui ne gagnent pas de l'argent avec ce qu'ils font ou qui débutent. Il est vrai que travailler dans la téléphonie, là parce qu'on est sûr de gagner de l'argent, car les cons téléchargent n'importe quoi, cela devient forcément un réceptacle plus propice à la "bonne création".
Et Joann s'y connait en n'importe quoi.(C'est le rolling gag de l'article)
On ne peut être que sans voix devant autant de débilité. Mais il est excusé car il est sous l'emprise du sfarisme. Car dans l'entretien accordé à Casus belli antérieur à celui de bd-livres.krinein.com, Joann disait tout le contraire de l'internet. Ouf, un moment, j'y ai cru. Sacré Joann, t'en loupes pas une, tu nous bien as eu. Dessinateur, scénariste mais aussi acteur. Tu fais du kickboxing aussi?


http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
Casus Belli :
Quel regard portes-tu sur cette culture du jeu ?
Joann Sfar : À l'origine, le JdR se présente comme un antidote merveilleux contre toutes les conneries que nous font bouffer la télé et le cinéma. Il permet aux joueurs de se réapproprier l'imaginaire. Ils inventent leurs propres histoires plutôt que de saliver passivement devant ce que leur donne Hollywood. Le JdR stimule l'imaginaire, la créativité, et je crois réellement que c'est une des façons les plus intelligentes de voyager. Aucun alcool n'est aussi fort qu'une bonne histoire. Par ailleurs, pratiqué intelligemment, le JdR colle une bonne petite claque dans la gueule des marchands de soupe qui veulent toujours vous piquer votre pognon.
Seulement voilà, les grosses entreprises pas jolies ont trouvé que c'était pas viable et qu'il fallait créer un réflexe d'achat avec le JdR. Alors on a proposé des scénarios réguliers pour chaque jeu…
Mais au bout d'un moment, ça devient du pré-mâché et le pauvre meneur, il n'invente plus rien, il se borne à répéter devant ses joueurs ce qui est écrit dans son bouquin. Et comme tout ça devient juste de l'échange de chiffres, on se met à jouer de moins en moins et à compter les points de plus en plus… Et on finit par laisser tomber les jeux de rôle et par collectionner des cartes comme un mongol devant l'Oeuf Cube ! Je n'ai rien contre les cardgames, mais comparé à un vrai jeu de rôle, c'est de la merde.
Les jeux vidéos, c'est autre chose. Tant que le business du jeu ne rapportait pas grand-chose et était pratiqué par des jeunes connauds enthousiastes, on avait des super jeux, inventifs, drôles, décalés, subversifs, même… Mais depuis que ça draine plus de pognon que toute l'industrie du cinéma, tous les jeux se ressemblent et font chier. Le monde du jeu vidéo manque d'hystériques vraiment prêts à foutre le boxon en amenant des nouveaux trucs ! Avec mes copains d'enfance, on essaie de faire des jeux vidéos, mais des trucs à petit budget, couillons… N'empêche, on commence à toucher en 3D et en IA et je crois que d'ici deux ans, on pourra proposer des vrais jeux bien cools. Allez voir le site pastaga www.pastis.org/pastaga ! Mais est-ce que les grands magasins accepteront de distribuer des trucs programmés par une dizaine de niçois ivres de pastis ? Mais on s'en fout des grands magasins puisqu'avec internet on peut facilement distribuer nos trucs !


Lol, tu nous as bien faire rire sur le coup.

Liens directs chronologiques:

http://www.casusbelli.com/mag/001/createurs/sfar.html
Titre: Joann sfar
Propos recueillis par Régis Jaulin
Date: n.c. - note, J. Sfar a 27 ans.
Lieu: n.c.
Mise en ligne: n.c.


http://www.bdparadisio.com/intervw/sfar/intsfar.htm
Titre: Joann Sfar répond aux questions de Thierry Bellefroid pour BD Paradisio
Interview réalisée par Thierry Bellefroid
Dossier réalisé par Catherine Henry
Lieu: n.c.
Date: 2001
Mise en ligne: n.c.


http://www.parutions.com/?pid=1&rid=16&srid=76&ida=2367
Titre: Entretien avec Joann Sfar (janvier 2002)
Sous-titre: Entretien avec Joann Sfar (janvier 2002) - Auteur de Grand Vampire et Le Minuscule Mousquetaire
Propos recueillis par Nicolas Balaresque
Date: 18 janvier 2002
Lieu: n.c.
Mise en ligne: 25 janvier 2002


http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M002083549&srub=1%20
Titre: Le bulleur boulimique
Article par Cécile Maveyraud (Télérama n° 2715)
Lieu: n.c.
Date: 26 janvier 2002
Mise en ligne: n.c.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar.htm (entretien 1er partie - navigation nécessaire: ../bandes dessinées/interview )
Titre: Joann Sfar
Propos recueillis par Charlotte Volper et Jérôme Vincent
Date: Mars 2002
Lieu: n.c.
Mise en ligne: n.c.


http://www.actusf.com/BD/interview/itw_sfar02.htm (entretien 2ième partie - suite)
Titre: Joann Sfar, suite de l'interview de Joann Sfar
Propos recueillis par Charlotte Volper et Jérôme Vincent
Date: Mars 2002
Lieu: n.c.
Mise en ligne: n.c.


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=512
Titre: Joann Sfar
Interview-citations par Sophie Le Mô
Lieu: 20ième festival de bande dessinée d'Angoulême
Date: Janvier 2003
Mise en ligne: n.c.


http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=79
Titre: Portrait Joann Sfar
Portrait réalisé par Gilles
Date: n.c.
Lieu: n.c.
Mise en ligne : 22 janvier 2003

 

http://bd-livres.krinein.com/Joann-Sfar-Interview-1089.html
Titre: Joann Sfar - Interview
Interview par Belfégore (conférence)
Lieu : Dargaud, Paris
Date: 2 octobre 2003 - Conférence Dargaud
Mise en ligne: n.c.


http://www.cuverville.org/article119.html
Titre: Joann Sfar, entretien
Entretien réalisé par MHG
Lieu: 11ième rencontres de la bande dessinée de Bastia
Date: 3 avril 2004.
Mis en ligne: 6 mai 2004 par Iconophage

http://www.hold-up.info/Entretiens/joann.htm
Rapport sur la conférence de presse organisée par Dargaud à l'occasion du dernier chat du rabbin
Le Chat du rabbin - Le Paradis terrestre
Date: n.c. - certainement octobre 2005
Lieu: n.c. - certainement chez Dargaud


Comme le veut la tradition, l'idiotie n'a pas de limite. Il n'y a pas que des entretiens écrits sur Joann Sfar, il y a aussi des videos. Magie du net. Sfar en train de dessiner dans un café, Sfar expliquant et dessinant la Bd dans un coin de table de café, c'est ici.
http://www.arte-tv.com/fr/art-musique/Vid_C3_A9os_20_26_20animations/741694.html


Information:
Pour les personnes qui ne comprennent pas le titre de l'article, Joann Sfar, le bonobo du bar ou qui se sont empressés de savoir ce qu'était un bonobo, il est vrai que cela demande une explication. J'ai fait comme Joann avec le chat du rabbin, je suis parti du titre. Le bonobo étant un grand chimpanzé pacifiste, certaines personne peuvent considérer que comparer Joann Sfar à un primate est une insulte un peu basse.
Et bien, pas du tout. Le bonobo, c'est du Sfar dans le texte.


http://oeil.electrique.free.fr/article.php?numero=29&articleid=51
Si vous étiez un animal ?
Joann Sfar :
Un Bonobo !

Update #1

Nouveau sport: en navigant sur le web, on tombe toujours sur un interview de Joann Sfar avec de nouvelles réponses aux mêmes questions. Il arrive à dépasser le point du non-retour.

http://www.alkemya.com/Interview27_1.html
Titre: Interview
Propos recueillis par Régine Colonges
Date: 17 Mars 2001
Lieu: n.c.
Mise en ligne: n.c.


# Citations et références

Ils s'entretuent en rigolant...
Joann Sfar : Un petit peu. Mes références sont plutôt Marcel Pagnol ou Albert Cohen, ou au cinéma des gens comme Lubich, des auteurs qui sous couvert de légèreté arrivent à aborder des thèmes graves, mais toujours en divertissant et toujours avec élégance.

Vos sources d'inspiration ? Par exemple, au niveau du comique, vous arrivez à aborder un peu tout, du comique de situation au non-sens en passant par l'anachronisme...
Joann Sfar : C'est vrai que je pense beaucoup à des cinéastes comme Yves Robert ou a des chanteurs comme Georges Brassens. Des gens qui jouaient énormément.

Aucun risque... Une chose m'a frappé dans votre travail : on ne sait jamais qui fait quoi de Joann Sfar et Lewis Trondheim. Les textes, les dessins... Comment vous organisez-vous ?

Joann Sfar : On a eu la chance de travailler ensemble dans un atelier pendant trois ans et on est les meilleurs amis du monde, que ce soit Lewis, Emmanuel Guibert, Christophe Blain, David B. et quand on se voit on fait des histoires ensemble et on aime bien s'échanger les pinceaux. A tel point que comme disait Woody Allen, quand deux personnes s'enferment pour écrire, toutes les deux sont responsables de tout ce qui va s'écrire.

Maintenant, au niveau du comportement, Lewis et moi, c'est un peu comme Louis de Funès et Bourvil. Lui, il est un peu taciturne et râleur et moi, je suis toujours à agiter les bras et à crier partout.

Ce qui est frappant dans votre travail c'est cette masse foisonnante de références.
Joann Sfar : Avant même d'être un auteur, je suis un grand lecteur. Je lis des romans, mais je lis davantage de philosophie, de livres d'histoire. Quand je lis des romans, il faut que ce soit plein de pages, il faut que ce soit Alexandre Dumas ou Albert Cohen. sinon, quand au bout de cent pages on ne voit plus les personnages, ça me manque.

L'interviewer reconnait que Joann a beaucoup de références. Normal en 4 questions, le bonobo du bar atteint déjà les 10 références. J'ajoute que la dernière réponse peut être placée aussi dans le thème de l'emploi du temps. Joann lit beaucoup de livres et des gros livres. Il est fort possible que ses carnets de dessins soient en fait les livres qu'il lit. Ainsi en même temps il lit et il gribouille dessus. Cela apporterait une explication logique à la nombreuse liste de ses activités en 24 heures chrono. Donc plus le livre est gros, plus Joann dessine...

# Mon dessinateur/scénariste préféré

Vos sources d'inspiration ? Par exemple, au niveau du comique, vous arrivez à aborder un peu tout, du comique de situation au non-sens en passant par l'anachronisme...
Joann Sfar : J'ai vraiment une référence en matière de bande dessinée pour ce qui est de raconter des histoires, c'est René Goscinny. René Goscinny, c'est "mon papa". Il faisait feu de tout bois. Tout ce qui fait rire il l'a utilisé, sans exclusive.

Donc là, cela change notre top three de sa référence ultime en Bd qui l'a influencé. René Goscinny passe en 2ième position; Guéret et Sempé sont ex aequos en troisième poistion, derrière Fred.

 

Update #2

L'interview le plus important du bonobo, celui de télérama, fin 2005 car il s'agit d'un interview somme. Joann sait que c'est important donc il synthétise tous ses thèmes (jardinage, intuition, dessin, scénario, jazz, philosophie, références). On retrouve tout ce qu'il a précédemment dit en parlant beaucoup de soi, de sa famille, de ses racines et de son éducation. Mais bien sûr, on a droit à du sfarisme avec toujours des exemples de nos thèmes favoris et surtout 1 grosses boulette à la fin. Mais bon, à ce stade, cela devint minime ...

http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M0511211204430&srub=1
Titre: Entretien - la griffe Sfar
Propos recueillis par Jean-Claude Loiseau
Date: Télérama n° 2915 - 24 novembre 2005
Lieu: n.c.
Mise en ligne: n.c.


# Citations et références

Télérama : Que vous a inspiré le succès du Chat du rabbin (450 000 exemplaires vendus) ?
Joann Sfar : Je me réfère souvent à des gens comme Billy Wilder ou Lubitsch, des cinéastes intelligents qui s'adressaient à tous. Moi, j'écris pour des lecteurs de littérature générale qui, à l'occasion, vont être attirés par une bande dessinée parce que le sujet les intéresse ou les intrigue.

Télérama : Quelles idées souhaitiez-vous faire passer à travers ce récit ?
Joann Sfar : ...Et comme je suis moins talentueux mais plus honnête que Platon, je ne sais pas où cela va me - et les - mener.

Télérama : La philosophie est souvent en filigrane dans vos histoires. Vous avez même illustré Le Banquet, de Platon...

Joann Sfar : J'ai toujours été plus proche de l'émotionnel baroque que de la pensée intelligente organisée. Et puis je m'en tiens à ce que m'a dit un jour Moebius : pour raconter une fiction, il faut être intelligent et en même temps un petit peu imbécile, car si on est trop intelligent, on prend de la distance avec ce qu'on raconte, on n'y croit plus. Et le lecteur non plus. 

Télérama : Que faut-il chercher de vous-même dans votre nouvelle série, Klezmer, qui se déroule dans la Russie du siècle dernier ?
Joann Sfar : Mon goût du récit d'aventures. Klezmer est une réaction presque colérique de lecteur qui en a marre de ne plus lire de grande bande dessinée d'aventures ambitieuse, comme en faisaient Tardi ou Hugo Pratt. Je me suis dit : est-ce que je suis capable de leur arriver au moins à la cheville ? J'ai relu Les Trois Mousquetaires, j'ai découvert les livres d'Isaac Babel, que je n'avais jamais ouverts, et j'ai ressorti de ma bibliothèque les premiers contes de Gogol, Les Veillées du hameau, des histoires populaires ukrainiennes, teintées parfois d'un évident antisémitisme. J'avais, profondément, envie de faire un feuilleton populaire et exigeant au rythme de deux épisodes par an. Trois sont déjà écrits.

Télérama : On est loin, dans Klezmer, de l'univers du Chat du rabbin.
Joann Sfar : ....Si on essaie d'expliquer Klezmer par le Talmud, on fait fausse route. C'est plutôt Michel Strogoff et Alexandre Dumas. Mais évidemment, j'y mets mon folklore personnel, Chagall, les violons, et la musique klezmer, qui est ma musique favorite...


Télérama : Vous entretenez un rapport complexe avec votre identité juive, vous en parlez beaucoup mais cherchez aussi à prendre vos distances. Pourquoi ?
Joann Sfar : ... Comme me l'a dit l'un d'eux : « Mon gars, tu arrives trente ans après Philip Roth... » Mais les gens qui prétendent m'expliquer ce qu'être juif signifie sont souvent des juifs non pratiquants qui se piquent de communautarisme et de traditions. Et ils m'emmerdent !

Télérama : On est loin, dans Klezmer, de l'univers du Chat du rabbin.
Joann Sfar : ....Si on essaie d'expliquer Klezmer par le Talmud, on fait fausse route. C'est plutôt Michel Strogoff et Alexandre Dumas. Mais évidemment, j'y mets mon folklore personnel, Chagall, les violons, et la musique klezmer, qui est ma musique favorite...


Vous avez noté: c'est la première fois que je mets en évidence une citation d'un inconnu. Je devrais aussi faire un top of the pop de ses musiques favorites...

Télérama : Comment qualifieriez-vous votre forme d'imagination ?
Joann Sfar : J'ai un maître, Gaston Bachelard, qui a écrit des choses magnifiques sur le sujet : « On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception des images... Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est pas image mais imaginaire. Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. » Il plaide pour un art dynamique, où l'auteur réussit à susciter chez le spectateur le sentiment non pas d'être ailleurs, mais d'aller vers un ailleurs. Et c'est ainsi, selon lui, qu'on « poétise » la réalité. Comme définition magistrale de la bande dessinée, je ne vois pas mieux. Je me sens plus proche du théâtre que du cinéma. La bande dessinée, comme le théâtre, fait appel à beaucoup de conventions. Et demande beaucoup d'efforts d'imagination.

Ce passage est très important dans la vie de Joann Sfar car il annonce au monde entier et surtout aux lecteurs de Télérama qu'il est plus proche du théatre que du cinéma. Après avoir cité tous les acteurs et réalisateurs français et d'ailleurs, il nous annonce en fait sa préférence pour le théatre sans avoir cité aucun acteur et metteur en scène de théatre précédemment dans tous les entretiens et toutes les conférences . Mais bon, ce n'est pas grave, c'est du bonobo. C'est un signal pour nous dire qu'il est plus proche du texte que de l'image et qu' il va "peut-être" écrire des pièces de théatre. Et ça, ça peut intéresser les lecteurs de Télérama, qui deviennent des clients potentiels. Interview is business.

Télérama : Votre génération, celle qui a émergé depuis une dizaine d'années, a cassé pas mal de codes, remettant complètement en question l'idée même de « beau dessin ». Vous n'y êtes pas pour rien...
Joann Sfar : ....Je suis fasciné par ceux que j'appelle les jazzmen du dessin, Sempé, Quentin Blake [illustrateur anglais, NDLR] ou les cartoonists du New Yorker, qui nous ont appris à laisser du blanc entre les traits, à ne pas fermer le dessin. ... Mais chaque image est constituée de tout ce que je sais : je ne peux pas faire comme si je n'avais jamais vu un tableau de Matisse. Si on peut employer un langage riche et complexe, pourquoi se l'interdire ? Pourquoi la bande dessinée ne devrait-elle pas autant à Paul Klee, Egon Schiele ou Gustav Klimt qu'à Gustave Doré ?


Télérama : Que répondez-vous à ceux qui pointent chez vous une forme de boulimie créative ?
Joann Sfar : Quand sa femme est morte, la seule chose qu'Edouard Manet a trouvé à faire, c'est d'installer un chevalet et de peindre le cadavre. Il ne voulait pas garder cette image de son épouse défunte, il avait besoin d'une protection entre lui et le réel. Toutes proportions gardées, je suis sujet à de grosses émotions, j'ai mon lot de névroses. Quand je passe douze heures d'affilée à dessiner, je me sens bien. Dès que j'arrête plus de trois jours, ça devient insupportable pour mon entourage. Le dessin est mon hygiène de vie. Mon horizon, c'est Les Mille et Une Nuits : chaque jour, Shéhérazade doit raconter une nouvelle histoire, sinon on lui coupe la tête. Shéhérazade, c'est un peu moi. Tous les matins, je me mets à ma table et j'essaie de raconter une histoire qui me fasse vivre jusqu'au lendemain...  


# Mon dessinateur/scénariste préféré

Télérama : Que vous a inspiré le succès du Chat du rabbin (450 000 exemplaires vendus) ?
Joann Sfar : ...Mais mon credo, je le tiens d'un de mes « papas » dans ce métier, Pierre Dubois : le plus grand service qu'on puisse rendre au lecteur, c'est de ne jamais penser à lui.

Donc un nouveau. Ce nombre de papas fait qu'on a l'impression de revivre la fin du film " Les sous-doués passent le bac".

# Autobiographie
 
Télérama : Dans vos Carnets, vous racontez votre quotidien. Par ailleurs vous avez pris une position très polémique contre une certaine mode de l'autobiographie en BD. Vous ne craignez pas le paradoxe...
Joann Sfar : Dans les Carnets, c'est ma vie, mais ce que je raconte et mets en scène est concerté, il y a une dramaturgie. Je ne publie pas tout. Prétendre raconter la vie telle qu'elle est n'est qu'une tromperie. Et puis, on va pas donner un blanc-seing à quelqu'un sous prétexte que ce qu'il raconte il l'a vécu. On s'en fout, c'est son problème. Les gens qui « se livrent », c'est abominable...

Chose hallucinante; alors que dans cet entretien, il parle beaucoup de sa famille jusqu'à sa grand-mère (super intéressant, d'ailleurs...), il répond que le travail d'autobiographie de la vie quotidienne est une "tromperie"... Sans commentaire.

En conclusion, notre bonobo de bar reste fidèle à lui-même dans cet entretien qui se veut un entretien-phare. Dommage qu'il se termine par une grossière erreur en confondant Edouard Manet et Claude Monet (c'est ce dernier qui a peint sa femme sur son lit de mort). Le pauvre interviewiever de Télérama ne devait pas le savoir également. Mais bon, confondre Manet et Monet, ça va dans le sens d'une discussion de comptoir sur l'art. Joann nous assène encore qu'il passe "12 heures à dessiner" comme si on ne le savait pas. Mais sûrement, entre 2 verres de pastis, il doit confondre dessins d'après nature et Pictionnary .

Jeunes lecteurs, si tu es fan de Joann Sfar, ne lis que cet entretien car comme je l'ai écrit précédemment, il synthétise tout ce qu'il a dit. Donc pas besoin de lire le reste. Cela t'évitera d'être contaminé par du sfarisme aïgu et d'avoir un mal de tête.


ATTENTION
Dernière Maj ultime avec ce lien fabuleux, cet entretien ultime chez www.du9.org.
Je peux dire que cet entretien est un jackpot. Outre, on a droit au jeu des référence mais surtout à un pêtage de plomb en règle, signe visible d'un sfarisme aigu au stade terminal.

http://www.du9.org/article.php3?id_article=624

Titre: Le chat de Joann Sfar
Propos recueillis par Xavier d’Almeida
Date: Septembre 2005
Lieu: Paris
Mise en ligne: Mars 2006

Personnellement je soupçonne l'interviewer de www.du9.org. d'avoir laissé volontairement les propos de Joann Sfar dans leur forme la plus proche sans retoucher ce qui avait été dit. Une volonté de montrer un Joann Sfar qui explose le Jean-Claude VanDamme? Abandon volontier devant la débilité ambiante des mots? [maj 25 janvier 2007: suite à un mail explicatif de la personne de www.du9.org qui a retrancrit l'interview, je précise donc qu'il y a une volonté de la part de " du9 de garder cet aspect "brut" des entretiens" avec "les hésitations" et non une volonté de mettre en évidence exceptionnellement les errance singulières de notre bonobo.]. De toute façon, cet entretien est culte, unique, sublime. Plus besoin de mettre en forme ce qui va suivre, j'ai juste fait un copier-coller d'une réponse à une question. C'est long mais c'est fabuleux. On peut le lire, le relire, à l'endroit, à l'envers, en diagonale. S'il y a avait un bêtisier des entretiens de Joann chaque année, ce lien serait premier tout le temps. Devant ce lien, cet article n'a pu lieu d'être, brûlé par la réalité.

Attention grand moment d'extase. Joann est dans la place.

A. : Tu as aussi participé au collectif Japon chez Casterman. Peux-tu nous raconter cette aventure?
Joann Sfar :
C’est un collectif où ils ont invité plein de Français à aller au Japon, et plein de Japonais, pas du tout à venir en France, mais à aller au Japon aussi. Et comme ça, chacun parle de sa ville, et ça va sortir dans plein de pays en même temps. Ce qu’il y a de drôle, c’est que la plupart des occidentaux qu’on a rencontrés là-bas ont fait des trucs super laudatifs, genre « le Japon, c’est merveilleux, les cerisiers sont en fleur et tout ». Et moi je sentais ça venir, j’avais Emmanuel Guibert au téléphone, il me disait : « putain c’est super beau, les chutes du Niagara du Japon et tout. »
Et moi ils m’ont balancé à Tokyo pendant quinze jours, et j’ai eu aucun mal à faire le râleur au bout de deux jours, parce que j’ai trouvé que tout ce qu’on reproche avec amertume aux Américains, on pourrait le reprocher mille fois plus aux Japonais, mais comme on considère que c’est des extraterrestres, il nous vient jamais à l’idée de leur reprocher. Moi, j’ai pour eux le respect éthique qui consiste à les considérer comme mes semblables, et du coup j’ai fait mon Jean Yanne pendant quinze jours. J’ai rempli des centaines de pages de carnets où je me lâche, et ... c’est drôle, parce que t’oses plus faire le français râleur d’habitude mais là, à Tokyo, c’était rigolo. Du coup, on n’a mis qu’une partie de mes carnets parce qu’il y en a vraiment plein, donc l’intégrale paraîtra sans doute un jour à l’Association — j’ai pas signé de contrat avec Casterman, ils peuvent pas m’interdire ça.

Surtout, j’avais un excellent ambassadeur. Souvent, quand tu vas au Japon, t’es reçu par le pire ambassadeur possible, c’est-à-dire le Français fasciné par le Japon, qui a un diplôme, une licence de Japonais ou quoi, qui s’imagine qu’il a tout compris au pays. En fait, les Japonais le considèrent comme un singe — pour eux, de toute façon, tu peux apprendre pendant trente ans le Japonais, ils te considèrent toujours comme un truc. Ce type, il va t’expliquer combien c’est merveilleux, mais c’est merveilleux parce qu’il a réussi là-bas à avoir ses premières expériences sexuelles. En fait, il prétend être ouvert politiquement et tout, mais le mec est super content que les Japonais soient des super machos comme ça il passe pour un mec super ouvert, et que comme tout le monde s’imagine qu’il ressemble à Alain Delon, alors que globalement c’est pas le cas, le Japon c’est merveileux.
Moi, mon coup de bol, c’est que j’ai eu comme guide mon coloriste, Walter. Alors Walter, c’est même pas un râleur, c’est un autre mot — c’est-à-dire que Lewis est sympa à côté. Je suis content qu’il soit au Japon, parce que quand tu colories des pages avec lui, des fois il s’énerve contre toi, il te balance la palette graphique à la gueule, et là il peut pas. Et il en avait rien à foutre des Japonais, il habitait à Paris, et un jour il y a une Japonaise qui vient chez lui avec son copain qui était journaliste. Puis elle se dispute avec son copain, après elle s’en va. Puis le lendemain la Japonaise appelle Walter et lui dit : « tu me plais, on va au restaurant ensemble. » Depuis, ils ne se sont pas quittés plus de dix minutes, ils sont ensemble depuis sept ans, elle s’appelle Yuka, c’est sa femme. Et, après avoir vécu trois ans en France — elle parlait toujours pas un mot de Français — elle lui dit : « écoute, la France ça m’emmerde, je rentre à Tokyo. » Et comme il l’aime, il est parti avec elle. Mais il a aucune affinité avec le Japon, il s’en fout d’être là-bas, mais de toute façon comme en France il parlait à personne non plus ça le change pas beaucoup.
J’ai traîné pendant quinze jours avec lui dans les rues de Tokyo, et évidemment il arrête pas de se foutre de leur gueule, il arrête pas de t’expliquer tout ce qui va pas dans le pays, et t’es mort de rire. Alors j’ai fait preuve d’aucune mansuétude, j’ai raconté mot pour mot tout ce qu’il m’a raconté. Et c’est drôle, parce qu’à chaque fois que tu t’imagines qu’il y a une avancée sociale au Japon, tu dis « ah non, en fait non. » Par exemple, dans le métro, tu vois une photo avec deux mecs dévêtus qui s’embrassent. Je lui dis : « tiens c’est vachement ouvert par rapport à l’homosexualité et tout. » Il me fait : « ah non, pas du tout, c’est des journaux porno pour filles. » L’homosexualité au Japon, c’est un truc qui excite les nanas, mais t’es homo au Japon, tu te caches, c’est même pas la peine. Et tout est comme ça, et qu’est-ce qu’on s’est marrés.


Je ne peux pas lutter contre ce texte fabuleux. lol C'est clair qu'un bonobo au Japon, cela ne pouvait pas produire des étincelles.
FIN